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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/85

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LE DUC.

Cela n’a rien qui m’étonne. Les gens romanesques font toujours des folios avec les riches héritières.

FLORINE.

C’était un gueux, un libertin, un hypocrite ; je ne l’ai jamais dit à madame, mais il m’embrassait toujours dans le corridor sombre, et si j’avais voulu… Heureusement j’ai des principes.

CÉLINDE.

Et j’ai pu le préférer à vous !

LE DUC.

Tant pis pour lui s’il ne ressemblait pas à votre rêve.

FLORINE.

Maintenant nous n’avons plus de raison de rester dans les terres labourées ; si nous retournions un peu voir en quel état est le pavé de Paris ?…

CÉLINDE.

Adieu, marguerites à la couronne d’argent, arômes du foin vert, fumées lointaines montant du sein des feuillages, ramiers qui roucoulez sur la pente des toits couverts de fleurs sauvages ; mon cœur a connu des plaisirs trop irritants pour pouvoir goûter votre charme doux et monotone.

LE DUC.

Votre églogue est donc terminée ?

CÉLINDE.

Oui. — Donnez-moi la main et conduisez-moi.

LE DUC.

J’ai précisément ma voiture au coin de la route.

FLORINE.

Vivat ! Pour une soubrette, il vaut mieux porter des billets doux que traire des vaches.

Ils sortent.