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Page:Gautier - Un trio de romans, Charpentier, 1888.djvu/288

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lent souper dans une salle éclairée par un incendie de bougies, avec les plus gens d’esprit de la cour et les plus jolies femmes de l’Opéra et de la Comédie, il répondrait que non, et que rien n’est comparable au plaisir de porter des santés à la plus belle avec du vin de Champagne, assis entre deux nymphes brillamment parées, dont le rire éclate et dont la joue rougit sur le fard, d’aise et de plaisir.



IV


Eh bien ! ce divertissement paraissait très peu réjouir le vicomte de Candale, qui, renversé sur sa chaise, attendait, d’un air triste et nonchalant, que la mousse qui écumait dans le cornet de cristal de son verre se fût éteinte pour le porter à ses lèvres et répondre à la santé que la belle Guimard, debout et sa jolie main appuyée sur la table, venait de porter en ces termes :

« À M. le vicomte de Candale, autrement dit le Beau ténébreux.

— Oui, à la santé du nouvel Amadis des Gaules ! » crièrent en chœur les autres convives en tendant leurs verres du côté du vicomte de Candale.

Le vicomte, après avoir choqué son verre avec celui de chaque convive, le vida silencieusement et le reposa près de lui.

« Ce cher vicomte, dit en souriant une jolie femme dont l’œil déjà vif était allumé par une touche de fard placée à propos sous la paupière ; ce cher vicomte, a-t-il reçu quelque mauvaise nouvelle ? Est-ce que, par hasard l’oncle dont il hérite et qui paraissait sentir le