mentés, le fils du droguiste et le troisième clerc, méditant des aveux dont la rédaction compliquée s’embrouillait dans leur tête, restaient fichés devant elle comme des pieux, avec l’air le plus piteux et le plus risible du monde ; Mme de Champrosé s’en amusait sous cape, et, par une malicieuse cruauté, ne les aidait pas le moins du monde, en sorte qu’ils roulaient des yeux comme des nègres qui ont une pendule dans le ventre.
Justine, voyant sa maîtresse ainsi bloquée, vint à elle, et, lui prenant le bras, fit quelques tours dans le bal en causant à voix basse.
« Madame s’est-elle ennuyée au bal de ma cousine, et que lui semble de ces petites gens ?
— Non, je me suis amusée comme une femme qui danse, et ces bourgeois me semblent assez joyeux.
— Est-ce là tout.
— Oui.
— Le fils du droguiste est pourtant bien vu dans la rue Sainte-Avoie, et les plus jolies filles ne dédaignent pas son coup de chapeau.
— C’est possible, mais il ne m’inspire nullement l’envie de déroger.
— Et le troisième clerc ?
— À tout ce qu’il faut pour passer second clerc, rien de plus.
— Je suis désolée que madame en soit pour ses frais de dérangement.
— J’ai presque envie de faire avancer le fiacre et de retourner à l’hôtel.
— Si madame me permettait de lui donner un conseil, ce serait de rester encore un peu.
— Tu t’amuses donc beaucoup ?
— Je ne m’amuse pas si madame s’ennuie, mais ce sera peut-être lorsque nous serons parties que ce que nous cherchons arrivera. On attend encore quelques jeunes gens, et d’ailleurs, d’un bal comme d’un