pèce de luxe comme de faire monter un klephte derrière sa voiture.
Je ne vous ai rien dit de l’habit des hommes : regardez les gravures de modes parues il y a six mois, au carreau de quelque tailleur ou de quelque cabinet de lecture, et vous en aurez une parfaite idée. Paris est la pensée qui occupe tout le monde, et je me souviens d’avoir vu sur l’échoppe d’un décrotteur : « Ici on cire les bottes à l’instar (al estilo) de Paris. » Gavarni et ses délicieux dessins, voilà le but modeste que se proposent d’atteindre les modernes hidalgos : ils ne savent pas qu’il n’y a que la plus fine fleur des pois de Paris qui y puisse arriver. Cependant, pour leur rendre la justice qui leur est due, nous dirons qu’ils sont beaucoup mieux habillés que les femmes : ils sont aussi vernis, aussi gantés de blanc que possible. Leurs habits sont corrects et leurs pantalons louables, mais la cravate n’est pas de la même pureté, et le gilet, cette seule partie du costume moderne où la fantaisie puisse se déployer, n’est pas toujours d’un goût irréprochable.
Il existe à Madrid un commerce dont on n’a aucune idée à Paris : ce sont des marchands d’eau en détail. Leur boutique consiste en un cantaro de terre blanche, un petit panier de jonc ou de fer-blanc qui contient deux ou trois verres, quelques azucarillos (bâtons de sucre caramélé et poreux), et quelquefois une couple d’oranges ou de limons ; d’autres ont de petits tonneaux entourés de feuillages qu’ils portent sur leur dos ; quelques-uns même, le long du Prado par exemple, tiennent des comptoirs enluminés et surmontés de Renommées de cuivre jaune avec des drapeaux qui ne le cèdent en rien aux magnificences des marchands de coco de Paris. Ces marchands d’eau sont ordinairement de jeunes muchachos galiciens en veste couleur de tabac, avec des culottes courtes, des guêtres noires et un chapeau pointu ; il y a aussi quelques Valencianos avec leurs grègues de toile blanche, leur pièce d’é-