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CHAPITRE III

L’ISLET AU MASSACRE DU BIC


Avant l’arrivée des Missionnaires sur le sol du Canada qu’ils ont ouvert à la civilisation, en y déployant l’étendard de la France et la croix du vrai Dieu, suivant l’expression du poète Crémazie, les aborigènes de l’Amérique du Nord étaient plongés dans un état de féroce barbarie dont les excès dépassent l’imagination des romanciers les plus fertiles. La nature insoumise des sauvages, leur instinct naturel de destruction, pour conserver une supériorité incontestée sur ces vastes étendues de terres, de forêts et de rivières, patrimoine que chaque tribu croyait lui appartenir en propre, furent cause que de sanglants combats, et d’horribles boucheries humaines souillèrent ce pays, vierge encore de toute empreinte du passage des Visages Pâles venus des pays d’outremer.

Inutile de parler ici des diverses races sauvages qui se partageaient l’Amérique du Nord et plus particulièrement le Canada. Pour l’intérêt de ce récit, qu’il soit permis de dire que les seules tribus qui ont à jouer un rôle ici sont les Micmacs et les Maléchites d’un côté, et les sombres et féroces Iroquois de l’autre.

Les Micmacs et les Maléchites, de la nation des Souriquois ou race algonquine, habitaient toute l’étendue du pays qu’on appelle l’Acadie et ont été de tout temps les amis et les alliés les plus fidèles et les plus sûrs des Français, des Canadiens et des Acadiens.

Les Micmacs vivaient plutôt au bord de la mer, sur les rives du fleuve Saint-Laurent ; tandis que les Maléchites occupaient l’intérieur des terres, du côté du Maine. De leur région, ces derniers descendaient rejoindre leurs frères alliés du bord du fleuve par les rivières des Trois-Pistoles, Ristigouche,