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santé, et qui sait, le bonheur aussi. Ainsi parlait le monde à l’égard de George qui dépérissait, privé des saintes joies de la famille, comme ces arbres longtemps arrosés par un ruisseau qui s’est desséché.

Un événement nouveau allait amener un changement dans la vie de ces deux êtres dont la douleur navrait l’âme.

Un jour, pendant que la pauvre folle chantait auprès du berceau vide d’Armande, un faible coup fut frappé à la porte. George s’empressa d’aller ouvrir. Une personne masquée se présenta à ses regards.

N’ayez pas peur, dit la voix, je viens à vous au nom de Dieu, vous offrir cet enfant privée de ses parents, vous que le ciel a privé du plus charmant des anges.

— Quel est son nom ?

— Elle n’en a pas. Enfant trouvée, on l’élève en secret en l’appelant Zirma. Aujourd’hui que la misère a frappé à ma porte, j’ai marché tout le jour, et vers le soir je suis entré au village pour vous offrir de prendre cette pauvre innocente qui n’est pas coupable, elle ; et l’homme avait des larmes dans la voix.

George eut une inspiration. — Oui, dit il, je l’accepte comme venant de Dieu, pour égayer un peu mon intérieur.

— Oh ! merci, dit l’homme, Dieu vous bénira ; et se penchant vers Zirma, il l’embrassa.

— N’êtes-vous pas son père ? dit George ; l’inconnu s’éloigna sans répondre.

Qu’importe, mon enfant, dit George. Tu resteras avec moi et nous tâcherons que tu ne regrettes pas ceux d’avec qui tu pars. Tu as l’âge qu’aurait notre Armande ; viens, et tâche de la remplacer. Le ciel