Page:Gauvreau - Captive et bourreau, paru dans La Gazette des Campagnes, 1883.pdf/204

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cabane. Tout en parlant elle gagne la forêt. Une plainte frappe soudain son oreille. Quelle bête a crié ? se dit-elle ; et elle continue sa marche, cherchant à travers la forêt, les herbes qui ont la vertu de donner de la force aux membres ; une plainte plus longue, plus accentuée que la première la fait s’arrêter de nouveau. C’est quelqu’un des nôtres, la plainte est celle d’un guerrier de la tribu ; il ne lui fallait pas plus pour se diriger vers le lieu d’où partait cette voix qui l’avait fait s’arrêter. Une troisième plainte plus distincte la trouve tout près de l’endroit d’où part la voix. Elle fait un pas et se trouve en face de Mélas, pâle, défait, épuisé, n’ayant plus la force d’appeler ; ses deux mains comprimées empêchent faiblement le sang de s’écouler par une large blessure à la poitrine. Le tomahawk lancé par une main sûre, avait ralenti sa marche, et dévié de sa route à cause des branches légères qu’il avait rencontré, et au lieu de faire une victime il n’avait fait qu’une blessure profonde qui pouvait, à la longue, amener de fâcheux résultats. Mélas, frappé en pleine poitrine, avait mesuré la terre et y était resté sans connaissance. L’humidité et la fraîcheur de la nuit le rappelèrent à lui pour lui montrer sa triste position. Crier était inutile ; il ne lui restait plus que l’alternative de voir sa vie s’en aller avec son sang, ou bien entreprendre une marche dont il ne se sentait pas la force. Il se décida, dans un moment d’énergie, à bander sa plaie avec un morceau de la doublure de son capot, et se décida à attendre que le hazard mit à la portée de sa vue quelqu’un des siens qui put le secourir. C’est alors qu’il put s’asseoir au pied d’un arbre et qu’il comprima sa blessure dont le sang ne pouvait être suffisamment