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Sieurs d’Artigny et à La Chenaye. L’Isle-Verte n’était alors qu’une mission visitée par le Père Henri Nouvel, récollet qui descendait faire la mission pour la première fois à Rimouski. Sur le bord de la rivière, à gauche, il y avait un campement d’Indiens Maléchites, sur un petit rocher que contenait la Rivière-Verte. Sur les hauteurs, en arrière, dominant la rivière et le village, il y avait encore un campement d’indiens. À droite, les seigneurs avaient bâti leur manoir.

Une jeune fille, d’une rare beauté, bonne, aimable et aimante, était l’ornement d’une des meilleures familles de l’endroit. Tous les jours de beau temps elle allait, détournant la rivière, faire une visite du village Maléchite du Petit-Rocher.

Le père de cette jeune fille s’aperçut de cette fréquente visite et lui dit que cela ne convenait pas à une jeune fille d’aller ainsi, seule, parmi les sauvages. Elle lui dit qu’elle n’irait plus. Elle tint parole. Le père crut que tout irait pour le mieux. Hélas ! il ne connaissait pas ce qui remuait au fond du cœur de son enfant.

Le fils du Chef des Maléchites, grand et joli garçon, avec ses mitasses et son ceinturon rouge, à la figure sereine, aux membres charnus, avait su gagner le cœur de la jeune fille, et cela dans une circonstance assez ordinaire aux jours de la crue des eaux.

Un jour que la jeune fille se promenait dans un canot d’écorce, un corps d’arbre, entraîné par le courant avec une vitesse prodigieuse, vint frapper la frêle embarcation de la jeune fille, et le canot chavira. C’en était fait de la pauvre enfant, sans le