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vous, j’aurais devancé Mélas ; mais ma mère voulait venir, puis elle se décida à rester à la maison, vu que mon père n’était pas bien.

À peine achevait-il ces paroles que le mot : Alexandrine, vint frapper à ses oreilles. C’était Mélas qui souhaitait le bonjour à la charmante enfant que nos lecteurs connaissent déjà, cette fille unique, l’idole d’un père à l’aise et d’une mère vénérable et pieuse.

George, peu fait encore aux exigences ordinaires d’une présentation, ne put que balbutier une froide parole de compliment, sur le bonheur qu’il éprouvait de la revoir ; mais en retour il lui donna une forte poignée de main.

Alexandrine avait tout pour elle, ce soir là. La chère petite fille d’Ève, elle savait quoi faire pour séduire et fasciner. Robe de soie bien unie, collier de grenat, bracelets d’or, anneaux de prix, dentelles blanches tranchant bien sur le noir de sa robe ; tout cela arrangé avec cette coquetterie féminine, avec cet art qui défie toute critique. Et puis ses yeux, son front, et cette bouche où ne se voit pas l’amer rictus de la haine ou de la vengeance, tout cela à tordre le coup à un amoureux fou. Il s’échappait de sa personne je ne sais quel charme séduisant, comme ces parfums qui s’échappent d’une robe à distance. Il régnait sur son front quelque chose de fascinateur qui jetait dans l’extase. Un attrait mystérieux entraînait vers elle, comme l’aimant attire le fer.