retour de mon bien aimé George. La Madone verra peut être mes larmes couler durant l’absence, mais elle entendra aussi ma prière, et tu me reviendras.
— Alexandrine, ange que Dieu plaça à mes côtés, tu me rends fou d’amour ; Dieu m’est témoin de la pureté de cet amour que je te porte ; tu es le sujet de ma douleur, tu seras plus tard ma joie et ma consolation…
— Comme tu seras aussi la mienne, George. Allons ! voilà mon père qui revient ; c’est le moment ; sois fort, mon George, mon amour et ma vie ; crois en ma sincérité comme en ma fidélité. Tiens ! garde cette petite croix d’or en souvenir d’Alexandrine qui va rester seule et malheureuse ; elle te protégera contre la fureur des flots et des vents. J’y ai imprimé mes lèvres en murmurant ton nom ; va, sois-moi fidèle, et tu me retrouveras au retour la même qu’à cette heure, t’aimant follement et demandant à Dieu notre union prochaine. Alexandrine éleva sa main droite jusqu’à la hauteur des lèvres de George qui y déposa un baiser.
Les adieux se firent paisiblement, grâce à la force d’Alexandrine. Mais c’était une force factice et toute de nerfs ; aussi, à peine George fut-il parti que renfermée dans sa chambre, chaste et pudique retraite, elle étouffa dans les sanglots ses plaintes et sa douleur. Les larmes la soulagèrent ; elle put prier paisiblement aux pieds de l’humble croix de bois appendue à la muraille et s’étant livrée au sommeil,