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Page:Gavarni - Grandville - Le Diable à Paris, tome 1.djvu/24

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pas de coquetterie, avait jugé à propos de prendre pour cette solennité la figure et le costume exigés par la circonstance.

Arrivé au milieu de l’estrade, Satan se découvrit un instant, et fit avec beaucoup de facilité le salut d’usage ; après quoi, s’étant assis et couvert, il tira de sa poche un petit papier, et, plaçant sa main sur son cœur, il s’apprêtait à le lire, quand tout à coup des cris, venus du dehors, s’étant fait entendre :

« Qu’est-ce que cela ? » s’écria Satan.

V
comment il se fit que satan ne put pas lire son discours.

« Sire dit en tremblant le chef des huissiers, la salle dans laquelle vous êtes est celle où viennent tous les jours s’abriter les âmes, à mesure qu’elles arrivent de là-haut, et il y a derrière cette porte tout un convoi de nouveaux venus qui s’impatientent peut-être. Nous allons, s’il vous plaît, les prier de nous laisser en repos et les chasser…

— Pas du tout, dit Satan, qui remit aussitôt, avec un air de satisfaction non équivoque, son discours dans la poche d’où il l’avait tiré ; pas du tout, je n’avais absolument rien de nouveau à vous dire, sinon que tout continue d’aller pour le mieux dans le meilleur des enfers possible, ce que vous savez aussi bien que moi ; si donc vous le jugez bon nous suspendrons la séance, et nous laisserons entrer tous ces