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chapitre premier

vinistes ; prisonnier, il fut autorisé à continuer un travail si utile à l’Église ; et dès que la mort de Richelieu lui eut rendu la liberté, il redevint aux yeux de tous ce qu’il était avant son incarcération, un prêtre dont la doctrine était jugée irrépréhensible. Sainte Chantal, qui reçut du prisonnier de Vincennes une longue lettre de direction, l’appelait « un saint homme tout apostolique, qui souffrait pour la vérité et pour la justice ». Saint Vincent de Paul, qui avait essayé de le défendre, mais timidement et en évitant de se compromettre, vint le féliciter à Vincennes à la nouvelle de son élargissement ; et c’est grâce à lui que Barcos, neveu de Du Vergier de Hauranne, eut son abbaye de Saint-Cyran. Six évêques ou archevêques assistèrent aux funérailles du célèbre abbé, et l’archevêque de Bordeaux, l’un d’entre eux, proposa de lui ériger un somptueux mausolée. Enfin le père du grand Condé, un prince qui se mêlait de théologie et qui chérissait les Jésuites, se vit contraint de confondre les calomniateurs et d’attester par écrit que le fougueux contradicteur du P. Garasse, l’auteur présumé de Petrus Aurelius, était mort « en bon chrétien, dans la paix de l’Église, et dans la communion des saints. »

Il en est donc de l’abbé de Saint-Cyran comme de l’évêque d’Ypres, on ne peut le considérer comme un hérésiarque, puisqu’il n’a jamais été convaincu d’hérésie ou simplement d’erreur. Ses ennemis les plus acharnés l’accusaient uniquement de ne pas recevoir le concile de Trente, et de croire que le sacrement de pénitence ne suffit pas à effacer les péchés ; ils ne lui ont jamais imputé aucune des doctrines qui constituaient à leurs yeux le fond même du jansénisme ; ils n’ont jamais incriminé ses théories sur la grâce. C’est même un fait curieux de voir l’ami et le confident de