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timent. Mais Dieu est tout-puissant ; c’est une autre vérité de foi. Croyons donc l’une et l’autre, et gardons-nous bien de faire cette injure à Dieu que de penser qu’une vérité en détruise une autre[1]. » Mésenguy était tenu au courant des événements par Bottari et par les augustiniens de Rome, de Pise et de Naples, qui avaient si bien accueilli l’abbé Clément en 1758. Il savait notamment par une lettre du 10 février 1761 que les Jésuites et leurs dévots venaient d’exciter un orage terrible contre l’Exposition. « Il faut savoir quelle en sera la fin, disait le correspondant anonyme, mais les apparences sont des plus mauvaises.[2] » Vingt jours plus tard, le 3 mars, il était dit que les Jésuites, « pour faire diversion et détourner de penser à eux, avaient imaginé d’engager le pape à faire le second tome de la Constitution contre les Réflexions morales. Le livre qu’ils ont en vue aujourd’hui est l’Exposition. Ils ont représenté ce livre au Saint-Père comme rempli d’une doctrine empoisonnée et de maximes hérétiques. Sa Sainteté a eu la bonté (sic) de les croire. Elle en a écrit une lettre de plaintes au cardinal archevêque de Naples, etc.[3].» Clément XIII marchait sur les traces de Clément XI, et il se préparait à donner pour complaire aux Jésuites une nouvelle Bulle Unigenitus. Prévenu à temps, Mésenguy se mit en devoir de faire ce qu’avait fait en 1710 le Père Quesnel, octogénaire comme lui. Il écrivit au pape une lettre très respectueuse pour demander, comme autrefois Quesnel, à être entendu et à recevoir communication des accusa-

  1. Edit. de 1744, tome I., p. 212. Les 45 propositions dénoncées ont été imprimées en 1763, aussitôt après la mort de Mésenguy.
  2. Copie ms. du temps, conservée dans les recueils de Le Paige, tome 555.
  3. Ibid.