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catholicisme libéral. À toutes leurs revendications, fussent-elles infiniment humbles et respectueuses, le Saint-Siège peut désormais opposer une fin de non-recevoir absolue. N’est-ce pas leur saint Augustin qui a dit, dans un tout autre sens il est vrai, mais peu importe « Rome a parlé, la cause est finie » ? Rome parlera quand ce sera nécessaire, et toutes les causes possibles et imaginables seront finies.

Ainsi plus de discussions possibles ; il ne saurait être question désormais de la Grâce efficace et de la Prédestination, du Formulaire et de la Bulle Unigenitus, de la signature avec distinction du fait et du droit ou de l’appel au pape mieux inspiré ou au futur concile. Et cependant on continue à calomnier Port-Royal et ses partisans. On fulmine les anathèmes contre le jansénisme, « l’hérésie la plus méprisable qui ait jamais insulté le corps mystique de Jésus-Christ », comme disait dom Guéranger[1]. On s’attaque, à la suite de Mgr d’Hulst, à « ces faux saints de Port-Royal, grands pourfendeurs de restrictions mentales et grands praticiens de l’hypocrisie[2] ». On dit de plus belle ce dont Pascal se plaignait en 1657, dans la XVIIe Provinciale « Ces gens-là disent que les commandements de Dieu sont impossibles ; — qu’on ne peut résister à la grâce et qu’on n’a pas la liberté de faire le bien et le mal ; — que Jésus-Christ n’est pas mort pour tous les hommes, mais seulement pour les prédestinés ; — et enfin ils soutiennent les cinq propositions condamnées par le pape. » À ces accusations odieuses, il n’est plus possible de répondre depuis 1870, et les accusés ont renoncé à se défendre. Ils ont même eu la sagesse

  1. Institutions liturgiques, tome II, p. 301.
  2. Le Correspondant, numéro du 25 septembre 1890.