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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/100

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Avec vous boire sur la terre
D’HéQue d’être aux cieux.
Versez, versez toujours de même ;
D’HéRecommencez.
Ah ! s’il faut boire autant que j’aime,
D’HéVersez, versez.


M. de Mondorge avoit une très-jolie conversation, remplie de traits piquans et d’anecdotes ; il avoit un excellent ton, c’est le premier homme qui m’ait donné l’idée d’une conversation véritablement agréable. Je ne me lassois point de l’écouter. J’écrivois sans cesse, avec ma grosse vilaine écriture, des lettres énormes à la nièce d’un curé de Bourbon-Lancy : ma tante un jour en montra une de seize pages à M. de Mondorge, qui fit de cette lettre les éloges les plus exagérés. Il m’exhorta beaucoup à lire et à écrire, et me fit des prédictions très-flatteuses. Ce fut mon premier encouragement en ce genre. Les vers de M. de Mondorge me donnèrent l’envie d’en faire, j’en sentois parfaitement la mesure ; et la comédie et la tragédie, que j’avois tant jouées, m’avoient donné, dès ma première enfance, beaucoup de goût pour la poésie. Ma mère avoit une femme de chambre qui s’appeloit Victoire, l’un de mes noms de baptême