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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/101

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étoit celui de Félicité : ces deux noms joints à celui de mademoiselle de Mars, me donnérent l’idée de ma première composition poétique ; je fis là-dessus les vers suivans :


Est-il rien Félicité, Mars et Victoire
Est-il rien Se trouvent rassemblés chez nous.
Est-il rien de plus grand, est-il rien de plus doux
Que de fixer chez soi le bonheur et la gloire ?


M. de Mondorge, en pensant à mon âge (je venois d’avoir douze ans), fut dans un enchantement inexprimable de ces vers ; il les écrivit, les montra à tout le monde, et, peu de jours après, il me fit présent des Poésies sacrées et des Odes de J.-B. Rousseau, magnifiquement reliées en maroquin rouge. Six mois après, je savois parfaitement bien tous ces beaux vers, j’avois toujours dans ma poche un de ces petits volumes. On se plaisoit à me faire déclamer ces admirables poésies ; celles que je déclamois le mieux étoient :


J’ai vu mes tristes journées, etc.,


l’Ode au Prince Eugène, et l’Ode à la Fortune. Il ne m’étoit guère possible de suivre le conseil de M. de Mondorge : je ne pouvois faire des lectures assidues, je n’avois point de