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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/110

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son gîte, que je n’ai jamais oubliées ; ce qui, joint à tout ce que je savois déjà, remplit ma tête de très-bons vers. J’ai oublié de dire que, pendant les sept mois que nous avions passés à Saint-Mandé, j’avois assisté régulièrement et de moi-même aux leçons de latin que recevoit tous les jours mon frère, d’un répétiteur très-bon homme et très-instruit, qui, charmé de ma mémoire, sut intéresser assez mon amour-propre pour m’inspirer toute l’application du meilleur écolier. Il me donna des soins particuliers, et j’avois fait de tels progrès, que je m’étois attachée à cette étude. Je désirois la continuer à Paris, ma mère ne le voulut pas ; j’y gagnai toujours quelques notions de grammaire, qui par la suite ne m’ont pas été inutiles.

Sur la fin de l’hiver, j’éprouvai de grands chagrins, qui me furent d’autant plus sensibles, que jusque-là j’avois été parfaitement heureuse ; mais je n’ai senti vivement que les peines du cœur, et non les revers de la fortune. Je m’étois placée si souvent, dans mes châteaux en Espagne, dans des situations malheureuses, que ces mêmes rêveries avoient donné à mes idées je ne sais quelle vigueur et quelle éléva-