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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/115

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maison avec autant de grâce que de noblesse ; il ne jouoit jamais, et ne permettoit chez lui que des jeux de commerce ; enfin, sobre, généreux, il aimoit passionnément la littérature, les arts, les talens ; il possédoit aussi toutes les vertus domestiques ; bon maître, bon parent, ami fidèle et tendre, tel étoit l’homme sur lequel la moquerie pendant plus de trente ans fut inépuisable. Il est vrai qu’il y eut trop de pompe, d’appareil et de singularité dans quelques-unes de ses actions, et c’est ce qu’on ne pardonne pas surtout à un bourgeois. D’ailleurs, de tous les défauts, l’ostentation dans la bienfaisance est celui pour lequel le monde a le moins d’indulgence. On n’aime pas ces grands exemples qui jettent une espèce de blâme sur ceux qui, pouvant les suivre, ne les imitent pas. On ne veut point qu’il s’établisse en maxime qu’il vaut mieux, même par vanité, employer une grande fortune à faire du bien, qu’à briller seulement par un luxe frivole. On répète qu’il faut se cacher pour faire le bien, comme si de certaines actions, et les plus belles et les plus utiles, pouvoient se faire en secret ! C’est ainsi que la petite et plate vanité a dans tous les temps fait