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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/121

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coup trop bas, ce que font encore les maîtres de harpe ; mais il posoit bien les mains, ce qui est un grand point. Je pris une passion si démesurée pour cet instrument, que je conjurai ma mère, avec la plus vive instance, de me donner Gaiffre pour maître, ce qu’elle fit. Je pris tout de suite des leçons ; mais, n’ayant que la harpe de Gaiffre, je ne pouvois pas étudier seule, je ne jouois que deux fois la semaine avec mon maître. Gaiffre, qui étoit le meilleur homme du monde, charmé de mon zèle et de mes dispositions, s’attacha singulièrement à moi ; il me donnoit d’énormes leçons et quelquefois de trois heures. Si j’avois eu à moi une harpe à Passy, rien n’eut manqué à mon bonheur. On joua la comédie et des pièces faites par M. de la Popelinière[1] ; on m’y donna des rôles ; je

  1. Alexandre-Jean-Joseph Le Riche de la Popelinière naquit à Paris en 1692, et mourut au mois de novembre 1762. Il fut également célèbre par ses richesses, ses prétentions au bel-esprit et ses disgrâces conjugales. En 1748, il découvrit dans la cheminée du boudoir de sa femme une plaque à charnière qui servoit de moyen de communication avec la maison voisine, où le duc de Richelieu avoit loué un appartement. La Popelinière fit constater juridiquement son affront et sa découverte. Il se