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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/123

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peut s’amuser seul, qu’il est impossible (lorsqu’on n’en fait pas son état) de porter à une certaine supériorité, et que la plus médiocre danseuse de l’Opéra possède toujours infiniment mieux que la femme de la société la plus exercée dans ce genre.

M. de la Popelinière étoit enchanté de mes petits talens ; il disoit souvent en me regardant et en poussant un profond soupir : « Quel dommage qu’elle n’ait que treize ans ! » (1759) Je compris fort bien à la fin ce mot, si souvent répété, et je fus fâchée moi-même de n’avoir pas trois ou quatre ans de plus, car je l’admirois tant que j’aurois été charmée de l’épouser. C’est le seul vieillard qui m’ait inspiré cette idée. Il me donna son portrait parfaitement bien gravé : il étoit représenté assis devant un bureau, tenant des roses effeuillées, avec ces vers faits par son ami M. de Broussonel :


Par se prCe sage, des arts le Mécène,
Par ses propres talens plein de célébrité,
Est au sein de Plutus l’homme de Diogène,
Et le plus tendre ami qu’ait eu l’humanité.


M. de la Popelinière trouvant, avec raison,