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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/127

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facilité. Je me passionnai pour ces entretiens imaginaires, au point que la réalité n’auroit guère eu plus de charmes pour moi. J’étois au désespoir quand mademoiselle Victoire me rappeloit, et je promettois bien à mon amie de revenir le lendemain à la même heure.

Les comédies, les danses, les concerts, me forcèrent, à mon grand regret, d’interrompre mes études de harpe, d’autant plus que je n’en pouvois pas jouer avant le réveil de ma mère, parce que, couchée près d’elle dans un petit cabinet, elle m’auroit entendue. Mais comme j’aimois les fêtes, la musique et la conversation, je m’amusois infiniment à Passy. Tous les dimanches nous avions, dans la chapelle de la maison, une messe en musique : madame de Saint-Aubin y jouoit d’un petit orgue, Gossec et les autres musiciens y exécutoient de belles symphonies. Ce jour-là il y avoit un grand dîner, beaucoup de monde de Paris, et toujours des ambassadeurs et des ambassadrices leur conversation m’amusoit. M. de la Popelinière les faisoit toujours parler de leur pays, ce que j’écoutois avec beaucoup de curiosité ; on causoit encore après le dîner ; on