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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/136

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travagante passion, qu’il voulut m’épouser ; mais je déclarai, malgré ma timidité, que rien au monde ne me feroit consentir à épouser un vieillard. Peu de mois après, M. de Monville devint veuf ; lorsqu’il eut quitté les pleureuses, il vint nous voir, et revint souvent. Malgré ma jeunesse, je m’aperçus bientôt du sentiment qu’il avoit pour moi. Il étoit jeune, il n’avoit alors que vingt-six ou vingt-huit ans ; il étoit beau et d’une beauté noble, romanesque, élégante, qui me plaisoit particulièrement ; ses manières étoient remplies de grâce ; il avoit des talens charmans, de l’agrément dans l’esprit et le caractère le plus aimable ; il joignoit à tout cela une grande fortune, c’étoit le seul homme de cet âge que j’eusse remarqué et qui m’eût paru digne de l’être. Cependant, j’étois décidée à n’épouser qu’un homme de qualité, un homme de la cour. J’aurois préféré à tout autre M. de la Popelinière, un fermier-général, et un vieillard ; mais ce vieillard avoit subjugué mon admiration, et je ne voyois dans M. de Monville qu’un homme aimable. Depuis que je n’avois plus mademoiselle de Mars, la vanité étoit devenue le principal mobile de mes actions. On culti-