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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/141

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les plus pures. Enfin, tout étoit grave et moral dans son maintien et dans ses discours. Cependant, il faut avouer que cet homme si extraordinaire par ses talens et par l’étendue de ses connoissances, et par tout ce qui peut mériter la considération personnelle, le savoir, des manières nobles et sérieuses, une conduite exemplaire, la richesse et la bienfaisance ; que cet homme, dis-je, étoit un charlatan, ou du moins un homme exalté par quelques secrets particuliers, qui lui avoient certainement procuré une santé très-robuste et une vie plus longue que la vie ordinaire de l’homme. J’avoue que je suis persuadée, et mon père le croyoit fermement, que M. de Saint-Germain, qui paroissoit avoir alors tout au plus quarante-cinq ans, en avoit au moins quatre-vingt-dix. Si l’homme n’abusoit pas de tout, il parviendroit communément à une vieillesse plus avancée encore, dont on voit quelquefois des exemples ; sans ses passions et son intempérance, l’âge de l’homme seroit cent ans et la très-longue vie cent cinquante ou cent soixante. Alors, à l’âge de quatre-vingt-dix on auroit la vigueur d’un homme de quarante ou de cinquante ans ; ainsi ma supposition sur