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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/150

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sur ses jambes. Il me montra sa poitrine qui étoit couverte de grandes fleurs peintes aussi, les couleurs en étoient très-vives. J’éprouvois pour cet homme singulier et respectable, une admiration et une tendresse extrêmes. Il répondoit à toutes mes questions avec laconisme, mais avec une excessive bonté. Je n’ai jamais vu personne dire plus de choses en moins de paroles. Il avoit conservé un tendre souvenir des sauvages, et même de leur genre de vie. Il me dit une chose qui me surprit ; c’est qu’en général les voyageurs qui ont parlé avec détail des sauvages (à un peu d’emphase près), les ont assez bien jugés ; quoiqu’ils n’eussent ancune connoissance de leur langue, il les ont fait parler à peu près comme ils parlent. « La raison en est simple, disoit mon oncle : si l’on jugeoit les Européens, ajoutoit-il, d’après leurs démonstrations et leur extérieur on s’abuseroit beaucoup ; mais on ne se trompe point en jugeant les sauvages : leurs mouvemens, leurs physionomies, leurs actions peignent ce qu’ils sont et ce qu’ils pensent. » Mais, malgré cette réflexion de mon oncle, comme les idées métaphysiques ne se représentent point de cette manière, une grande quantité de discours que les