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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/163

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rection aux événemens. Ainsi, un joujou d’enfant, un cheval de carton, changea le destin de la France et celui de l’Europe entière[1] !…

J’avois quinze ans lorsque nous allâmes au mois d’avril à Chevilly, près de Paris, chez monsieur et madame de Joui[2]. M. de Joui, père de madame d’Esparbès (qui vit encore et qui avoit alors vingt-deux ans), étoit dans la robe et d’une famille de finance. Fils d’une madame Thoinard, célèbre par sa richesse et son avarice, M. de Joui étoit fort prodigue, il avoit des dettes immenses ; mais sa maison étoit encore très-brillante, et l’on ne connoissoit point le mauvais état de ses affaires. Il avoit de l’esprit, une mauvaise tête : sa société étoit douce et agréable ; mais nous n’en jouissions guère, il étoit presque toujours à Paris. Madame de Joui étoit un ange et l’avoit toujours été ; je n’ai jamais vu de piété plus sincère, d’indulgence plus parfaite, de caractère plus aimable

  1. Il y auroit eu d’autres ministres, d’autres agens du gouvernement, etc.
    (Note de l’auteur.)
  2. Cette famille n’est point la même que celle de M. de Jouy de l’Académie françoise.
    (Note de l’auteur.)