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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/177

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viole, et de la musette, instrument qui avoit beaucoup de grâce ; on souffloit (comme je l’ai déjà dit) non avec la bouche, mais avec un soufflet posé sous le bras. Avec ces occupations je n’avois guère le temps de lire et de cultiver mon esprit ; mais je répétois toutes les semaines les odes de Rousseau et les vers de Gresset, ce qui, joint au dictionnaire de la fable de Chompré, que je savois exactement par cœur, formoit toute mon instruction. J’avois un goût extrême pour la poésie ; de temps en temps je faisois des vers et des chansons, mais que je me gardois bien de montrer, et que communément je n’écrivois même pas. Je les composois en me promenant dans notre petit jardin, c’étoit là mon plus grand amusement.

Ma mère avoit renouvelé connoissance avec une amie de couvent, madame la comtesse de Civrac, très-belle encore, quoiqu’elle ne fut plus jeune, et qui me combloit de bontés. Nous allions souvent souper chez elle ; j’y jouois sans cesse de la harpe, elle étoit passionnée pour mon talent ; et je n’oserois rapporter toutes les choses véritablement folles que je lui inspirois quand elle me voyoit à ma harpe. J’entendis