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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/208

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que j’aie jamais montré. Je l’écrivis de mon mieux avec peu d’embellissemens. Je le lus à M. de Genlis et à M. de Sauvigny, ils en furent charmés. C’est le premier encouragement que j’aie reçu ; depuis j’ai placé dans Adèle et Théodore cette même histoire ; c’est l’épisode de Cécile.

Mais revenons à Origny. Je m’y plaisois, on m’y aimoit ; je jouois souvent de la harpe chez madame l’abbesse, je chantois des motets dans la tribune de l’église, et je faisois des espiègleries aux religieuses : je courois les corridors la nuit, c’est-à-dire à minuit, avec des déguisemens étranges, communément habillée en diable avec des cornes sur la tête, et le visage barbouillé ; j’allois ainsi réveiller les jeunes religieuses ; chez les vieilles que je savois être bien sourdes, j’entrois doucement, je leur mettois du rouge et des mouches sans les réveiller. Elles se relevoient toutes les nuits pour aller au chœur, et l’on peut juger de leur surprise lorsque, réunies à l’église, s’étant habillées à la hâte sans miroir, elles se voyoient ainsi enluminées et mouchetées. J’entrois fort librement dans les cellules, parce qu’il est défendu aux religieuses de s’y enfermer, et qu’elles