Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rivée de la jeune novice, j’entendis à minuit doucement frapper à ma porte, c’étoient la novice et sa mère. Elles étoient toutes tremblantes, et me contèrent qu’elles avoient été réveillées par un bruit étrange qu’elles avoient entendu dans un cabinet voisin de leur chambre, et dans lequel elles n’étoient point entrées. Comme il faisoit beaucoup de vent ce soir-là, je leur représentai que ce bruit n’avoit rien d’étonnant. Elles me répondirent qu’il étoit si prodigieux, qu’il sembloit que l’on voulût du dehors briser et enfoncer la fenêtre qui donnoit sur les basses-cours. La mère pensoit que c’étoient des voleurs qui, ayant escaladé les murs, vouloient entrer dans cet appartement ; la fille disoit qu’elle croyoit que c’étoit tout simplement un revenant. Mademoiselle Victoire, ma femme de chambre, qui étoit fort courageuse, offrit d’aller vérifier la chose, et, piquée d’émulation, je dis qu’il falloit y aller avec elle. On y consentit, je distribuai les armes, un balai, des pincettes, des tenailles, une pelle ; je marchai à la tête, et nous allâmes très-gaiement dans l’appartement des deux étrangères ; arrivées à la porte du cabinet, nous écoutâmes et nous enten-