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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/223

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cou, de mes bras, de ma taille, j’établis sur ma tête une profusion de perles, de clinquant et de fleurs, et dans cet attirail je m’offris aux pinceaux de M. Tirmane, qui fut ébloui et saisi de l’éclat de ma beauté, d’autant plus que je faisois une bouche imperceptible en la resserrant, et que j’ouvrois les yeux de toute ma force pour les faire plus grands. C’est ainsi qu’il fit mon portrait, c’est-à-dire, une figure de Gorgone, car ces longues mèches de cheveux bruns ressembloient parfaitement à des serpens. Peu de jours après, nous renouvelâmes, en faveur de M. Tirmane, une partie des aventures de Don Quichotte chez la duchesse. M. Blanchard, intendant du château, imagina de le faire voler en plein jour, à cinq cents pas du château, par le jardinier déguisé en voleur, c’est-à-dire, ayant des moustaches et les cheveux noircis ; M. Tirmane revint en chemise au château, et en nous contant sa piteuse aventure, il nous assura que le brigand avoit un pied et demi de plus que le jardinier. M. de Genlis le consola en lui apprenant qu’il avoit le droit, en l’absence de son frère, de juger à mort tous les brigands du canton. On fit monter à cheval deux ou trois postillons qui, une