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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/224

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heure après, revinrent triomphans en ramenant le prétendu voleur chargé de chaînes, ce qui causa une joie scandaleuse à M. Tirmane. On retrouva tous les effets volés, et quelques louis de plus qu’on lui adjugea en forme de dédommagement. M. de Genlis, revêtu d’une robe noire, assisté du bailli du lieu et du barbier, s’enferma dans une chambre pour interroger et juger le criminel ; pendant ce temps, je restai avec M. Tirmane et trois ou quatre personnes. Au bout d’une heure et demie, on vint nous annoncer que le criminel étoit condamné à mort. « C’est bien fait ! » s’écria M. Tirmane en frappant dans ses mains ; je dis à M. Tirmane qu’il ne tenoit qu’à lui de se couvrir de gloire en allant se jeter aux pieds de M. de Genlis pour demander la grâce du coupable ; il y répugnoit un peu, mais je lui fis entendre qu’il seroit récompensé de cette magnanimité ; il y consentit sur l’assurance que nous lui donnâmes que ce scélérat seroit enfermé pour sa vie dans la tour du château ; alors M. Tirmane, rappelant tous ses sentimens héroïques, alla se précipiter aux pieds du juge, et, avec l’emphase la plus comique, il implora la grâce du criminel ; M. de Genlis et ses ad-