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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/226

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midi avec une centaine d’hommes à cheval ; tous les garçons du village, en vestes blanches ornées de rubans couleur de rose, étoient aussi dans la cour. Le candidat, pâle comme la mort et harassé de fatigue, fut amené dans une grande salle où j’étois assise sur un trône de feuillage et de fleurs, et entourée des officiers des régimens de Chartres et de Conti, qui tenoient leurs épées nues. M. de Genlis, conducteur du candidat, lui fit répéter son catéchisme, qu’il balbutia avec beaucoup d’émotion ; lorsqu’il eut fini, M. de Genlis attacha à son peignoir avec un ruban vert, une vieille médaille dorée du chancelier de Sillery, que nous avions trouvée dans la bibliothèque ; après cela, le candidat mit un genou en terre devant moi, et je l’armai chevalier en lui donnant une lance d’une longueur démesurée, et un casque qui étoit un seau à rafraîchir le vin, que j’avois recouvert de papier doré, et orné de plumes. On lui donna un autre peignoir plus magnifique, c’est-à-dire, tout surchargé de guirlandes d’œillets d’Inde. Dans ce galant équipage, le nouveau chevalier, ranimé par la gloire, descendit dans la cour pour y faire, au bruit des fifres et des tambours,