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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/227

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la marche triomphale au milieu des troupes à cheval et des paysans qui crioient : Vive le noble chevalier Tirmane ! Tous ces honneurs le rendoient si heureux, qu’il fondoit véritablement en larmes. Après cette cérémonie on dîna, on porta plusieurs fois sa santé ; il mangea beaucoup, et s’endormit au dessert, mais M. de Genlis le réveilla pour lui faire entendre des couplets qu’il avoit faits sur sa clémence. En sortant de table, on le conduisit à un bal champêtre qui dura jusqu’à onze heures. Alors comme il étoit de l’ordre du jugement, il fut obligé de juger plusieurs causes de paysans qui jouèrent parfaitement leurs rôles ; enfin, surchargé de gloire et mourant de lassitude et d’envie de dormir, il alla se coucher à une heure après minuit.

Ces scènes burlesques furent suivies d’une infinité d’autres que je me rappellerai toujours avec plaisir, mais qui tiendroient un volume entier si j’en donnois tous les détails : nous menâmes notre chevalier chez un de nos voisins, le marquis de Flavigny. M. Tirmane trouva dans ce château la reine d’Alcala, qui lui donna avec beaucoup de cérémonies le titre de Don, elle m’accorda en même temps