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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/229

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riers ; mais chacun s’amusoit de sa crédulité, et on lui rendoit à l’envi tous les hommages qui pouvoient satisfaire et exalter sa vanité, qui étoit extrême. M. de Genlis lui fit faire un habit très-ridicule qui mit le comble à son bonheur. Cet habit étoit brun, orné d’énormes brandebourgs d’argent, avec une veste garnie d’une longue frange brune et argent ; on lui donna un chapeau bordé d’un large point d’Espagne d’argent, et je lui fis présent d’une cravate de grosse dentelle, avec deux longs pans, surmontée d’un nœud couleur de feu. Il portoit ce superbe vêtement les dimanches et les jours où nous avions du monde, sans oublier jamais de mettre à sa boutonnière sa grande médaille dorée, suspendue à un ruban vert. Un jour M. le comte de Barbançon, venant de Paris et ne connoissant point encore le chevalier don Tirmane, arriva à Genlis une demi-heure avant le dîner ; M. de Barbançon étoit un homme fort grave, et nous ne pensâmes point à le prévenir sur le personnage étonnant qu’il alloit voir, car M. Tirmane n’étoit point dans le salon ; mais il apprit qu’un étranger venoit d’arriver, et il s’empressa de mettre à la hâte son bel habit, ensuite il vint dans le