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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/230

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salon. À l’aspect de cette étrange figure, M. de Barbançon resta immobile ; et M. Tirmane, se précipitant à l’oreille de M. de Genlis, lui demanda tout bas si cet étranger étoit un noble ; sur la réponse de M. de Genlis, M. Tirmane, avec un ton dont rien ne peut donner l’idée, s’avança vers M. de Barbançon en lui disant gravement : Noble étranger, je vous demande l’accolade de la cuisse. La surprise de M. de Barbançon fut extrême, il regarda M. de Genlis, qui avoit conseillé tout bas cette demande chevaleresque ; un signe mit au fait M. de Barbançon, qui donna de fort bonne grâce l’accolade de la cuisse.

Le chevalier don Tirmane, voulant laisser à la postérité un monument immortel de tant de faits merveilleux, employa ses talens à en tracer l’origine : il fit un tableau à l’huile en demi-nature qui le représentoit dans le bois de Genlis, auprès du bel arbre nommé l’arbre des quatre frères, dans le moment terrible où il fut volé et dépouillé, ainsi que l’intendant M. Blanchard. Au haut du tableau on voyoit un coin des cieux, et la Sainte Vierge dans une gloire qui lançoit sur M. Tirmane un faisceau de lumière ; il avoit placé un petit rayon