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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/232

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riers. » « Assurément, lui répondoit M. de Genlis, et pour cela vous n’aurez qu’à montrer votre médaille et vos diplômes de chevalier et de Don. » « Ce sera un beau moment pour moi, disoit M. Tirmane ; comme les gros bonnets de Saint-Quentin seront capots, quand ils me verront au-dessus d’eux tous ! » et il en nommoit trois ou quatre qu’il se faisoit surtout un plaisir de confondre et de terrasser. Il partit enfin de Genlis et retourna à Saint-Quentin. Son premier soin en rentrant dans sa maison fut de faire mettre à genoux sa femme et ses deux filles, et de leur faire baiser sa médaille. Le lendemain il alla à l’Hôtel-de-Ville décoré de son ordre ; il montra gravement ses diplômes et un brevet de la reine d’Alcala qui lui donnoit le titre de Don, et celui de son premier peintre honoraire. Ensuite il déclara qu’il ne paieroit plus la taille. On trouva sa folie si plaisante, qu’on voulut la lui laisser, et on l’exempta en effet de toute imposition ; alors madame Tirmane et ses filles ne doutèrent plus de la réalité de tous ses récits. Toute la ville de Saint-Quentin se fit un amusement de cette mystification ; le noble chevalier don Tirmane fut invité à dîner partout, et traité avec le plus