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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/233

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grand respect, ce qui dura douze ans, c’est-à-dire jusqu’à sa mort. Quoique j’aie supprimé mille incidens, et tous les détails de cette folie, je sens qu’elle tient encore trop de place dans ces mémoires. Mais je me rappelle avec complaisance ce temps d’une gaieté si vive et si franche, ce temps où j’ai ri de si bon cœur, ce temps enfin où l’avenir, le terrible avenir, étoit couvert pour nous d’un voile impénétrable.

Mon beau-frère revint à Genlis ; nous jouâmes la comédie, et nous donnâmes des fêtes pendant plus de quinze jours.

Durant ce temps je m’occupois toujours ; je faisois de la musique quatre ou cinq heures par jour ; j’écrivois à ma mère et à madame de Montesson, qui me répondoit d’une manière fort aimable, et j’écrivois un journal de tout ce qui se passoit au château ; les aventures de M. Tirmane m’avoient fourni plus d’un gros volume. J’avois grande envie de m’instruire ; la bibliothèque de Genlis étoit fort considérable. Le feu marquis de Genlis, homme très-grave et très-pieux, en avoit fait une moitié, et mon beau-frère en avoit fait l’autre, entièrement composée de romans. J’eus le bon es-