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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/235

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vrages dramatiques, et Provaire, le fameux hautbois. Je jouais de la harpe d’une manière étonnante et unique alors, mais je déchiffrois fort mal. Provaire étoit admirateur passionné de mon talent, et il fut très-surpris de me trouver si peu musicienne, d’autant mieux que je jouois fort bien de cinq ou six autres instrumens ; il me conjura de déchiffrer tous les jours une heure ; je n’y manquai pas, et en moins de six mois je déchiffrai tout à livre ouvert, et les pièces de clavecin les plus difficiles, et j’ai poussé ce talent aussi loin qu’il peut aller[1].

  1. Je dirai ici, pour ceux qui jouent des instrumens, ce que je pense à cet égard et ce qui m’est particulier. Voici, lorsqu’on veut jouer supérieurement d’un instrument, comment il faut s’y prendre pour apprendre à déchiffrer : je suppose, par exemple, qu’on veuille jouer de la harpe au plus haut degré de perfection. D’abord, il faut, comme je l’ai dit la première, dans Adèle et Théodore (et vingt ans avant M. Adam), ne faire jouer pendant six mois que des passages bien combinés, et des deux mains. En même temps faire connoître le clavier du piano et lire et étudier la musique sur cet instrument, où tout, se démontrant clairement à l’œil, se grave ineffaçablement dans la tête. Au bout de six mois, à trois quarts d’heure d’étude par jour, on commencera à déchiffrer