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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/236

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Les conversations et les conseils de M. de Sauvigny me furent très-utiles dans un autre

    des pièces aisées sur le piano, et tous les jours quelque chose de nouveau trois quarts d’heure ou seulement une demi-heure, et on apprendra sur la harpe une pièce ; on la répétera jusqu’à ce qu’on la sache parfaitement. Ou en apprendra ainsi une douzaine progressivement plus difficiles, répétant toujours les anciennes, et l’on se tiendra à ce répertoire jusqu’à ce qu’il soit parfait, et en continuant toujours les passages séparés des deux mains. Cela durera dix-huit mois, alors on commencera à déchiffrer sur la harpe tous les jours une heure, en gardant et entretenant son répertoire et laissant là le piano, c’est-à-dire n’en jouant plus qu’un quart d’heure par jour pour s’accompagner par la suite, ou pour jouer de petits airs. Après avoir déchiffré ainsi pendant six mois, on déchiffrera supérieurement et sans avoir rien perdu du fini de son jeu, parce qu’on n’aura jamais été arrêté par un passage difficile, et qu’on aura d’avance connu parfaitement ce que c’est que de mettre ensemble. Par la manière ordinaire, déchiffrer fait perdre du temps pour la perfection du jeu, accoutume à barbouiller et arrête dans tous les passages difficiles, parce que les doigts, n’étant pas assez exercés, s’y refusent. Ainsi, par les moyens que j’indique, en deux ans et demi on jouera de la harpe dans le dernier degré de perfection, on déchiffrera supérieurement et l’on aura sur le piano un joli talent de société, que l’on pourra perfectionner en peu de temps si l’on veut, d’autant mieux qu’il est certain que la harpe