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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/238

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fortifiant par de très-bous raisonnemens mon aversion naturelle pour l’emphase, l’affectation et les faux brillans. Tous les jours, en revenant de la promenade, nous faisions tout haut une lecture d’une heure, M. de Sauvigny, M. de Genlis et moi. Nous lûmes ainsi dans l’espace de quatre mois, les Lettres provinciales, les Lettres de madame de Sévigné, et tout le Théâtre de Pierre Corneille. En

    comme je le désirois ; alors je lui fis faire une autre harpe toujours en miniature et muette, mais plus grande et portant seize cordes, sur laquelle je lui fis faire des gammes, des arpégemens et des mouvemens des cinq doigts de chaque main : les plus difficiles dont j’ai fait le calcul. Cet exercice, presque toujours fait en voiture ou durant les visites, fut infiniment plus profitable en deux mois que n’auroient pu l’être en six les études ordinaires de petites pièces de commençans, jouées cinq heures par jour, et qui n’auroient familiarisé avec aucun mouvement difficile, en supposant même qu’on eût adopté la méthode que j’ai proposée jadis, assurément préférable à l’ancienne, et qui consiste à ne faire d’abord sur la harpe que des passages des deux mains ; car s’entendre dans ce cas est d’un ennui presque insurmontable ! peu de personnes ont assez de patience pour pouvoir répéter ainsi le même passage une heure de suite, au lieu que sur le petit instrument muet on ne s’en aperçoit pas ; et quand on a eu les doigts posés dans de bons principes, l’habi-