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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/278

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Malgré mon extrême timidité, je me trouvai tout de suite à mon aise avec elle ; et j’ai cultivé sa bienveillance jusqu’à sa mort. Peu de jours après ma présentation, nous retournâmes à Genlis. J’y passai un été fort agréable ; nous y jouâmes la comédie sur le théâtre fait par le chevalier don Tirmane, où nous avions déjà joué plusieurs pièces. Dans le cours de cet été nous jouâmes Nanine, les Précieuses ridicules, le Méchant, et la Comtesse d’Escarbagnas ; les meilleurs acteurs étoient M. de Genlis et moi ; ma belle-sœur, malgré toutes mes leçons, ne jouoit pas bien, mais elle n’y mettoit nulle prétention. Nous avions pour spectateurs nos voisins et nos paysans, qui firent des éclats de rire immodérés dans la scène larmoyante de la reconnoissance de Nanine et de son père, parce qu’ils reconnurent un de nos voisins âgé de trente-cinq ou trente-six ans, qui jouoit Philippe Humbert, et que la perruque blanche qu’il avoit mise pour se donner l’air d’un vieillard, leur parut la chose du monde la plus comique. M. Le Pelletier de Morfontaine, intendant de Soissons, vint à nos spectacles. Je venois d’apprendre l’antique institution de la