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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/297

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donner à M. de Genlis. Elle me prit dans une telle amitié, qu’au lieu de huit jours elle me garda deux mois ; je passois ce temps fort agréablement. Madame de Droménil recevoit toute la bonne compagnie de Reims, parmi laquelle il se trouvoit plusieurs personnes très-aimables ; elle voyoit aussi beaucoup de chanoines de la cathédrale ; et, comme elle tiroit une grande vanité de mon talent de harpe, elle m’en faisoit jouer ce qu’elle appeloit un petit air, pour chaque visite. On me donna plusieurs bals dans la ville, madame de Droménil en donna deux chez elle. Presque tous les matins elle me menoit à la promenade au Cours ; elle y étoit dans sa voiture, et moi à cheval ; je me tenois à la portière de son carrosse ; je lui disois mille folies, qui la faisoient rire aux larmes ; tout l’enfantillage que j’avois naturellement dans l’esprit la charmoit. Souvent, chez elle, je la prenois dans mes bras, et je la portois comme un enfant dans ma chambre et dans toute la maison, elle étoit légère comme une plume ; tout ce que je faisois lui plaisoit et l’égayoit. Elle me fit voir tout ce que la ville contenoit d’intéressant et de curieux, ses belles églises, le pilier