Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contrariété qui lui faisoit soutenir des opinions extraordinaires et quelquefois extravagantes : elle étoit trop ennemie des lieux communs. Cette aversion, jointe à beaucoup d’esprit, la rendoit très-piquante, mais lui donnoit à tort la réputation d’avoir l’esprit faux ; au reste, sa conversation étoit amusante et remplie d’agrémens. Elle aimoit à faire valoir les autres, et c’étoit avec un naturel et une grâce que je n’ai vus qu’à elle. La comtesse Amélie, sa belle-fille, qu’elle aimoit passionnément, âgée alors de dix-sept ans, n’avoit rien de remarquable. Sa belle-mère contoit d’elle des mots charmans qu’elle seule avoit entendus ; mais, depuis la mort de la comtesse de Bouflers, on n’en a plus cité.

Il y avoit toujours à demeure à l’Île-Adam un vieillard fort aimable, M. de Pont-de-Vesle. Tous les soirs, à la fin du souper, M. le prince de Conti lui demandoit de chanter des impromptus sur toutes les jeunes dames qui étoient à table. Il faisoit ces couplets en vers blancs. Il y avoit de la galanterie sans fadeur, et de la grâce ; mais cela étoit embarrassant pour les jeunes dames ; il paroissoit bien difficile alors d’avoir un bon maintien pendant ces