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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/367

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une baigneuse, et par-dessus mon habit une robe négligée et un manteau de taffetas noir, et, sous le prétexte d’une migraine, j’allai dîner avec ce double habillement. Après le dîner, un valet de chambre vint dire qu’une jeune Alsacienne, jouant du tympanon, demandoit à être entendue, madame de Puisieux donna l’ordre de la faire entrer ; je me levai en disant que j’allois la chercher. Je courus dans la chambre voisine ; je jetai vite sur une table ma baigneuse et ma robe ; je pris mon tympanon, et presque au même instant je rentrai dans le salon ; la surprise fut inexprimable, et elle augmenta encore lorsqu’on m’entendit jouer du tympanon. Monsieur et madame de Puisieux vinrent m’embrasser avec une tendresse et un attendrissement, qui me récompensèrent bien de la peine que j’avois prise. On me fit porter pendant plus de douze ou quinze jours mon habit alsacien, afin de donner à tout ce qui venoit à Sillery une représentation de cette petite scène. Ce n’est pas sans dessein que j’entre dans ces petits détails, ils ne seront pas sans utilité pour les jeunes personnes qui liront cet ouvrage. Je voudrois leur persuader que la jeunesse n’est heu-