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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/384

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dinal de Richelieu étoit parfaitement authentique, que l’original existoit dans sa maison, que Voltaire n’avoit voulu rétracter aucun des mensonges qu’il avoit débités à ce sujet. J’avois déjà entendu dire la même chose à madame d’Egmont. Je trouvai dès lors que le maréchal auroit du démentir par un écrit public cette fausseté historique. Mais il ne vouloit pas se brouiller avec Voltaire, qui l’appeloit mon héros[1], et d’ailleurs, comme tous les gens du monde, il craignoit les scènes publiques, les éclats, et surtout il redoutoit la plume de Voltaire ; et c’est ainsi que de petites considérations, et la crainte qu’inspiroit la coalition des encyclopédistes, ont mille fois, dans ce siècle, retenu captives d’utiles vérités. Cependant le maréchal de Richelieu avoit le bon esprit de sentir tout le danger des maximes et des doctrines prétendues philosophiques, il s’en expli-

  1. Dans les lettres qu’il lui adressoit, tandis que dans des lettres de même date qu’il écrivoit à d’autres personnages, il ne le désignoit jamais que sous les titres de tripotier et de maître de tripot. Voyez sa correspondance. Le maréchal, en qualité de premier gentilhomme de la chambre, avoit une inspection particulière sur les comédiens françois.
    (Note de l’auteur.)