Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/425

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du comte de Guines qui, en faisant un grand éloge de sa vertu, et de grandes protestations d’estime, d’admiration et d’attachement, lui déclaroit qu’il n’avoit plus de passion pour elle, et qu’enfin il en aimoit une autre. Ma tante ajouta qu’elle n’avoit caché à M. le duc d’Orléans, ni sa douleur, ni cette lettre (je m’en doutois) ; que M. le duc d’Orléans étoit charmant pour elle, et que, par sa conduite dans cette occasion, il avoit acquis les plus grands droits sur son cœur. Je répondis toujours les mêmes niaiseries, que j’espérois qu’enfin elle guériroit, etc. Elle dit que, sans les procédés inouïs du comte de Guines, elle auroit porté cette fatale passion au tombeau ; mais qu’elle avoit encore besoin d’une longue absence, qu’elle l’avoit avoué à M. le duc d’Orléans, en le conjurant d’obtenir pour le comte de Guines l’ambassade de Prusse. Je compris alors pourquoi le comte de Guines s’étoit prêté à tous ces artifices, il avoit fort peu d’amour et beaucoup d’ambition, et depuis long-temps il désiroit avec ardeur une ambassade, il l’auroit attendue long-temps sans cette comédie ; mais il étoit bien certain que M. le duc d’Orléans mettroit tant de chaleur dans cette affaire