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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/426

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qu’il ne le feroit pas languir. Je soutins mon rôle de niaise, en disant à ma tante que je craignois que la nouvelle passion du comte de Guînes ne l’empêchât d’accepter cette ambassade. Elle me répondit qu’en effet il s’éloignoit à regret, mais que M. le duc d’Orléans lui avoit parlé avec tant de force, qu’il l’avoit décidé. Il eut l’ambassade, et partit deux mois après[1].

Pour rendre compte ici de tout ce qui le regarde, je rapporterai une anecdote qui peint parfaitement la finesse de son esprit ; arrivé à Berlin, il fut mal reçu du roi de Prusse. Ce prince jouoit de la flûte, et aimoit passionnément la musique ; le talent supérieur du comte

  1. Il est souvent question du comte de Guînes dans les Mémoires du duc de Lauzun, et, à la manière dont il en parle, il est aisé de s’apercevoir que, sans être amoureux de la comtesse Amélie, M. de Lanzun n’avoit pas vu avec plaisir le sentiment que M. de Guînes affectoit pour elle. Il craignit encore sa rivalité auprès de la princesse Czartoriska, et, sous, prétexte d’une ancienne et tendre amitié, il l’accuse presque d’ingratitude. Pour prononcer de quel côté sont les torts, il faudroit avoir les mémoires du comte de Guînes ; mais, s’il en a laissé, ces mémoires n’ont point été imprimés.
    (Note de l’éditeur)