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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/48

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mari de madame de Pompadour, qui étoit déjà depuis long-temps favorite déclarée. De tous les personnages que je vis là, un seul me frappa, et j’en ai conservé un tel souvenir, que je me rappelle encore l’expression de son sourire, ses gestes, sa démarche, son maintien. C’étoit le maréchal de Loëwendal[1]. J’avois entendu dire que c’étoit un héros, on m’avoit expliqué ce que c’étoit qu’un héros ; tout le monde chantoit alors cette chanson faite pour lui, et si jolie dans son genre :

S’ti-là qu’a pincé Berg-op-Zoom
Est un vrai moule à Te Deum, etc. ;

  1. Le comte de Loëwendal, arrière-petit-fils de Frédéric III, roi de Danemarck, étoit né en 1700, et n’avoit que cinquante-deux ans à l’époque dont parle madame de Genlis. Loëwendal embrassa à treize ans l’état militaire ; il servit en 1715 comme simple soldat ; mais, dans le cours d’une année, il parcourut tous les grades, et fut fait capitaine. Il passa au service de France en 1745 : il étoit alors lieutenant général. Les sièges de Menin, d’Ypres, de Furnes, de Fribourg, de Gand, d’Oudenarde, d’Ostende, de Neupont, de l’Écluse, du Sas-de-Gand, de Berg-op-Zoom, et la part qu’il eut à la victoire de Fontenoy, lui donnèrent une grande et juste célébrité. Mort le 27 mai 1755.
    (Note de l’éditeur.)