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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/50

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un mauvais couplet, que je n’ai jamais oublié, tant cette journée me parut glorieuse. Après ce voyage, ma mère, ma tante, ma cousine et moi, nous partîmes ensemble dans une immense berline, et nous allâmes à Lyon, car on devoit nous faire recevoir, ma cousine et moi, chanoinesses du chapitre noble d’Alix. Comme il falloit d’abord que les comtes de Lyon examinassent les preuves de noblesse des postulantes, nous restâmes environ quinze jours à Lyon. Mes preuves étant en règle, nous allâmes à Alix, qui n’est qu’à peu de lieues de Lyon. Ce chapitre formoit, par ses immenses bâtimens, un coup d’œil singulier. Il étoit composé d’une grande quantité de jolies petites maisons toutes pareilles, et toutes ayant un petit jardin. Ces maisons étoient disposées de manière qu’elles formoient un demi-cercle dont le palais abbatial occupoit le milieu. Je m’amusai beaucoup à Alix : l’abbesse et toutes les dames me combloient de bontés et de bonbons, ce qui me donnoit une grande vocation pour l’état de chanoinesse. Cependant mon bonheur fut un peu troublé par la terreur que m’inspiroit une bête féroce, d’une espèce inconnue et singulière, qui désoloit alors ce canton ; on en