Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contoit des choses si effrayantes, qu’aucune des dames n’osoit sortir de la maison pour aller se promener dans la campagne. Le gouvernement ordonna, à ce sujet, des chasses publiques ; et peu de jours après notre départ d’Alix, on tua ce terrible animal. J’ai vu depuis, quinze ans après, se renouveler cette espèce de fléau. Tout le monde a entendu parler de la hyène de Gévaudan qui a fait tant de ravages.

Le jour de ma réception fut un grand jour pour moi. La veille ne fut pas si agréable, on me frisa, on essaya mes habits, on m’endoctrina, etc. Enfin le moment heureux arrivé, on nous vêtit de blanc ma cousine et moi, et l’on nous conduisit en pompe à l’église du Chapitre. Toutes les dames habillées comme dans le monde, mais avec des robes de soie noire sur des paniers, et de grands manteaux doublés d’hermine, étoient dans le chœur. Un prêtre, qu’on appeloit le grand prieur, nous interrogea, nous fit réciter le credo, ensuite nous fit mettre à genoux sur des carreaux de velours. Alors il devoit nous couper une petite mèche de cheveux ; mais, comme il étoit très-vieux et presque aveugle, il me fit une petite coupure au bout de l’oreille, ce que je