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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/52

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supportai héroïquement sans me plaindre ; on ne s’en aperçut que parce que mon oreille saignoit. Cela fait, il mit à mon doigt un anneau d’or bénit, m’attacha sur la tête un petit morceau d’étoffe blanc et noir, long comme le doigt, que les chanoinesses appeloient un mari. Il me passa les marques de l’ordre, un cordon rouge et une belle croix émaillée, et une ceinture d’un large ruban noir moiré. Cette cérémonie terminée, il nous fit une courte exhortation, après laquelle nous allâmes dans l’église même embrasser toutes les chanoinesses ; puis nous entendîmes la grand’messe. Le reste de la journée, à l’exception de l’heure de l’office, après le dîner, se passa en festins, en visites chez toutes les dames, et en petits jeux très-agréables. Dès ce moment, on m’appela madame la comtesse de Lancy[1] : mon père étoit, comme je l’ai dit, seigneur de Bourbon-Lancy, c’est pourquoi ce nom me fut donné. Le plaisir de m’entendre appeler madame surpassa pour moi tous les autres. Dans ce cha-

  1. Toutes les chanoinesses d’Alix avoient le droit de porter le titre de Comtesse ; et j’ai porté le nom de Lancy jusqu’à mon mariage.
    (Note de l’auteur.)